La capacité de la blockchain à améliorer les pratiques professionnelles

Valentin Blanc, Fernanda Chatelard, Erika Dewald, Marc Durand, Benjamin Fragny, Youness Garah, Lolita Gillet, Benoît Lopez, Isabelle Maleyre, Baptiste Saint-Martin, Éric Seulliet, Michael Sigda, Jérôme Tixier, Inès Trojette, Yannick Vincent et Cathy Zadra-Veil

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Référence électronique

Blanc, V., Chatelard, F., Dewald, E., Durand, M., Fragny, B., Garah, Y., Gillet, L., Lopez, B., Maleyre, I., Saint-Martin, B., Seulliet, É., Sigda, M., Tixier, J., Trojette, I., Vincent, Y., & Zadra-Veil, C. (2021). La capacité de la blockchain à améliorer les pratiques professionnelles. Dans C. Zadra-Veil (dir.), Blockchain & immobilier. Le smart bail. Mis en ligne le 06 février 2023, Cahiers ESPI2R, consulté le 11 mai 2024. URL : https://www.cahiers-espi2r.fr/1064

Nous analysons ensuite les principales dimensions qui caractérisent le potentiel usage de la blockchain dans les pratiques professionnelles et, tout d’abord, ses atouts. À savoir : la rapidité, la sécurité, l’accélération des processus administratifs, la numérisation du bail, l’amélioration de la rentabilité et des flux financiers et le gain de temps, la désintermédiation. Sans omettre la question de son déploiement dans l’entreprise.

La blockchain permettra-t-elle… un gain de temps ?

La blockchain représente un gain de temps pour :
• 86,13 % des interrogés ;
• 80 % au moins des répondants d’une même classe d’âge ;
• 90,91 % des métiers de conseil.

Seulement 2,97 % des professionnels interrogés estiment que la blockchain n’offre pas un gain de temps, et 10,89 % sont indécis. Lorsque les résultats sont observés par métier, ils sont favorables mais un peu plus hétérogènes. En effet, 85,29 % des agents immobiliers considèrent la blockchain comme un moyen de gagner du temps. C’est le cas de 66,67 % des asset managers, de 73 % des promoteurs immobiliers, de 80 % des syndics, de 83 % des notaires, de 90,91 % des personnes ayant une activité de conseil, et de 100 % des directeurs immobiliers et des investisseurs-financeurs interrogés.

… de mieux sécuriser les données ?

La blockchain améliore la sécurité des données pour :
• 79,20 % des personnes interrogées ;
• 70 % au moins des répondants de chaque classe d’âge ;
• 75 % au moins de ceux exerçant une même fonction.

8,91 % des personnes interrogées ne considèrent pas que la blockchain soit un bon moyen de sécuriser les données de l’entreprise, et 11,88 % sont indécises à ce sujet.

L’observation par métier nous indique que, globalement, au moins 75 % des personnes ayant une même fonction sont d’accord pour dire que la blockchain permettra de sécuriser les données de l’entreprise. Cependant, ce taux n’est que de 33,33 % des asset managers ayant répondu à notre enquête et 66,67 % des financeurs-investisseurs.

… l’accélération des processus administratifs ?

La blockchain accélère les processus administratifs (ex. : déclaration d’intention d’aliéner) pour :
• 84,15 % des personnes interrogées ;
• 100 % des 60-69 ans ;
• 100 % des marchands de biens, des gestionnaires de patrimoine, des notaires, des directeurs immobiliers, des personnes ayant une activité de conseil et des investisseurs-financeurs.

5,94 % ne sont pas d’accord quant à l’accélération des processus administratifs grâce à la blockchain, et 9,90 % sont indécis. Parmi les plus confiants, nous trouvons les 20-29 ans, d’accord à 92,59 %, et les 60-69 ans, d’accord pour 100 % d’entre eux. Les 40-49 ans et 50-59 ans sont d’accord pour environ 80 % d’entre eux. Seuls les 30-39 ans ne sont que 76,47 % à être d’accord. Globalement, nous pouvons ainsi considérer que, quelle que soit la tranche d’âge, les individus sont majoritairement d’accord avec l’idée que la blockchain puisse accélérer les process administratifs.

En ce qui concerne l’observation par métier, 82,35 % des agents immobiliers partagent cette opinion. Par ailleurs, 11,76 % d’entre eux ne se prononcent pas. L’adhésion est de 100 % chez les marchands de biens, les gestionnaires de patrimoine, les notaires, les directeurs immobiliers, les personnes ayant une activité de conseil et les investisseurs-financeurs de notre panel. Au sein du métier de syndic, 80 % des personnes interrogées sont d’accord. Cette proportion est de 66,67 % chez les asset managers, pour 33,33 % qui ne répondent pas. Les promoteurs immobi­liers sont d’accord à 73,68 % ; 15,79 % d’entre eux ne se prononcent pas et 10,53 % ont un avis négatif. Enfin, les notaires du panel ont une opinion mitigée, 50 % étant plutôt d’accord et l’autre moitié plutôt pas d’accord.

… de numériser le bail ?

La blockchain permettra la numérisation du bail pour :
• 84,15 % des personnes interrogées ;
• 80 %, au moins, pour chaque classe d’âge ;
• 80 %, au moins, pour chaque profession (sauf les promoteurs et les asset managers).

Si, pour 84,15 % des personnes interrogées, la blockchain permettra la numérisation du bail, les autres ont à part égale un avis négatif ou ne se prononcent pas.

Mis à part les promoteurs immobiliers, d’accord à 68,42 % d’entre eux et les asset managers, d’accord à 50 % d’entre eux, la part des personnes d’accord ou tout à fait d’accord avec ce rôle de la blockchain est d’au moins 80 % parmi toutes les autres professions du panel.

… d’améliorer la rentabilité, de diminuer les coûts et de gagner du temps ?

La blockchain permet une amélioration de la rentabilité pour :
• 68,32 % de notre panel ;
• 55,56 % des 20-29 ans ;
• 83,33 % des gestionnaires.

Globalement, plus de 60 % des répondants considèrent que la blockchain permettra tout à la fois d’améliorer la rentabilité, de diminuer les coûts et de gagner du temps. Plus précisément, 68,32 % de notre panel estime que la blockchain peut permettre d’améliorer la rentabilité, 13,86 % ont un avis négatif sur la question et les autres ne s’expriment pas sur la question. Les proportions sont équivalentes en ce qui concerne la capacité de la blockchain à réduire les coûts. En revanche, 85,15 % des répondants considèrent que la blockchain constitue une opportunité pour gagner du temps. Ils ne sont que 5,94 % à avoir un avis négatif.

Les plus jeunes, de 20 à 29 ans, et les 40-49 ans sont les plus sceptiques. Seuls 55,56 % des 20-29 ans ont un avis favorable quant à l’effet bénéfique de la blockchain sur la rentabilité ; 25,93 % d’entre eux ne se prononcent pas. La proportion des 40-49 ans exprimant un avis favorable est de 65,52 %, mais presqu’un quart d’entre eux n’ont pas d’avis sur la question. Par ailleurs, au sein des autres classes d’âge, la part d’avis favorables quant à la capacité de la blockchain à permettre une amélioration de la rentabilité est d’au moins 76 %. Les proportions, bien qu’un peu plus faibles de quelques points, sont à peu près équivalentes vis-à-vis de la capacité de la blockchain à faire baisser les coûts, sauf pour les 60-69 ans, qui ne sont que 57,14 % à avoir un avis positif sur ce rôle de la blockchain alors qu’ils la plébiscitent pour améliorer la rentabilité à 85,71 %. De plus, 28,57 % d’entre eux ne se prononcent pas. Cela montre que pour les professionnels les plus expérimentés de notre panel le levier qui permettra à la blockchain d’améliorer la rentabilité n’est pas forcément la baisse des coûts. Par ailleurs, toutes les classes d’âge considèrent que la blockchain constituera un gain de temps. Les 40-49 ans sont les plus critiques sur la question, puisqu’ils ne sont d’accord qu’à 72,41 %. Les autres classes d’âge sont d’accord à plus de 85 % de leur effectif respectif avec l’idée d’un gain de temps grâce à la blockchain.

Les agents immobiliers sont 64,71 % à considérer que la blockchain aura un effet positif sur la rentabilité, et 23,53 % d’entre eux ne se prononcent pas. Les syndics sont 80 % à avoir un avis positif, et 20 % à être plutôt pas d’accord. Les gestionnaires de patrimoine ont répondu positivement à 83,33 %, le reste des répondants ne se prononçant pas. Les plus critiques sont les notaires (avis positif à 50 %), les promoteurs immobiliers (57,89 % d’avis positif), les asset managers (50 % d’avis positif), les directeurs immobiliers (50 % d’avis positif) et les investisseurs-financeurs (66,67 % d’avis positif). En ce qui concerne l’effet sur la baisse des coûts, les proportions sont équivalentes. De plus, très majoritairement, les professionnels des différents métiers envisagent la blockchain comme une source de gain de temps. En effet, mis à part les asset managers qui ne sont d’accord qu’à 66,67 %, les autres professionnels le sont à 80 % de leur effectif.

… de jouer un rôle dans la désintermédiation ?

La blockchain jouera un rôle dans la désintermédiation pour :
• 60,40 % des répondants ;
• 48,28 % des 40-49 ans ;
• 33,33 % des gestionnaires de patrimoine.

Les réactions à cette question sont très mitigées. 26,73 % des répondants y répondent défavorablement. Les plus âgés (60-69 ans) sont tous d’accord avec l’idée que la blockchain puisse jouer un rôle de désintermédiation. Cependant, les 40-49 ans ne le sont qu’à hauteur de 48,28 % d’entre eux, et ce taux n’est que de 57,14 % chez les 50-59 ans. Les 20-29 ans et les 30-39 ans sont plus optimistes à ce sujet, avec des taux d’accord respectivement de 62,96 % et de 64,71 %.

Parmi les professions critiques, nous retrouvons les agents immobiliers, qui ne sont d’accord avec l’idée que la blockchain permettrait la désintermédiation qu’à 47 % d’entre eux, les gestionnaires de patrimoine, dont le taux d’adhésion à ce rôle de la blockchain est de 33,33 % et les directeurs immobiliers (37,50 %). Les autres professions sont majoritairement pour.

… d’améliorer les flux financiers ?

La blockchain permettra l’amélioration des flux financiers (loyers, charges, caution) pour :
• 66,34 % des répondants ;
• 71,43 % des 60-69 ans ;
• 33,33 % des asset managers.

Si pour 66,34 % des répondants, la blockchain permet d’améliorer les flux financiers, au contraire, 17,82 % du panel n’est pas de cet avis.

Quel que soit leur âge, les répondants considèrent majoritairement que la blockchain permettrait d’améliorer les flux financiers. Ils sont 70,37 % des 20-29 ans à être d’accord, 64,71 % des 30-39 ans, 58,52 % des 40-49 ans, 71,43 % des 50-59 ans et 71,43 % des 60-69 ans. Toutefois, les plus critiques et les plus tranchés sur la question sont les répondants âgés de 60 à 69 ans, dont 28,57 % des répondants ont un avis négatif sur la question alors que les 40-49 ans, dont le taux d’adhésion à ce rôle de la blockchain est le plus faible, ne sont en désaccord qu’à hauteur de 13,79 % d’entre eux, les 27,59 % restant étant sans opinion sur la question.

Majoritairement, à 61,76 %, les agents immobiliers estiment que la blockchain améliorera les flux financiers. 26,47 % d’entre eux sont sans opinion à ce sujet. Les investisseurs-financeurs sont d’accord avec ce rôle de la blockchain à 66,67 %, et 16,67 % d’entre eux ne se prononcent pas. Les promoteurs immobiliers sont en accord dans des proportions similaires (68,42 %) mais en désaccord dans une proportion plus importante (21,06 %).

En revanche, les marchands de biens, les syndics et les notaires qui composent notre panel considèrent tous que la blockchain est une opportunité en matière de flux financiers.

Par ailleurs, les plus critiques sont les directeurs immobiliers, qui ne sont d’accord qu’à 33,50 % et plutôt pas d’accord à 62,50 %. Les asset managers ont quant à eux un avis négatif mais plus mitigé sur la question. Ils sont plutôt d’accord avec ce rôle de la blockchain à 33,33 %, plutôt pas d’accord à 33,33 % et ne se prononcent pas à 33,33 %.

Pour initier une solution blockchain, vos interlocuteurs privilégiés seraient-ils plutôt en interne ?

Une crainte quant à la disponibilité des ressources humaines pour relever ce défi est exprimée par :
• près de 80 % des répondants ;
• 53,33 % d’entre eux qui travaillent dans une grande entreprise (GE) ;
• 60,40 % des répondants sont prêts à avoir recours à un prestataire extérieur pour l’usage de la blockchain.

Les répondants qui exercent au sein d’une petite ou moyenne entreprise (PME) expriment également majoritairement une crainte forte, à hauteur de 50 % d’entre eux. Ceux qui travaillent dans une entreprise de taille intermédiaire (ETI) ou en microentreprise (ME) affichent en revanche une crainte moyenne, respectivement à hauteur de 42,86 % et 46,88 % d’entre eux. Très peu de répondants, quelle que soit la taille de leur entreprise, considèrent que l’accès aux compétences sera un frein faible. En effet, la part de ceux qui voient la disponibilité des compétences comme un frein négligeable est de 15 % au sein des PME, 20 % au sein des GE, 25 % au sein des ME et 28,57 % de ceux qui exercent au sein d’une ETI. Une meilleure connaissance des principaux acteurs de la blockchain en France et des nouvelles pratiques est indispensable.

Valentin Blanc

Étudiant, MIFIM, ESPI

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