Pour mener à bien cette évaluation, nous avons cherché à croiser différentes méthodes. Dans un premier temps, nous avons effectué des observations in situ afin d’amorcer le travail sur les ambiances perçues. Nous avons conduit des entretiens préliminaires pour collecter des données contextuelles et faire la genèse des projets. Dans un second temps, nous avons mené des observations flottantes et effectué des itinéraires avec les personnes liées aux deux projets (profils expert et usager).
La méthode des itinéraires (Petiteau, 2006) consiste à suivre et écouter une personne qui nous emmène sur son territoire et nous le raconte. Cette personne, l’auteur de l’itinéraire, nous fait part de ses souvenirs et de son expérience quotidienne des lieux au fil d’un parcours qu’elle choisit. L’itinéraire est ensuite retranscrit et documenté par des photographies.
La méthode des observations flottantes (Moussaoui, 2012) consiste à rester en toute circonstance vacant et disponible, à ne pas mobiliser l’attention sur un objet précis, mais à la laisser « flotter » afin que les informations la pénètrent sans filtre, sans à priori, jusqu’à ce que des points de repère, des convergences, apparaissent et que l’on parvienne alors à découvrir des règles sous-jacentes. Toutes les observations sont consignées dans un carnet.
Idéalement, il aurait fallu multiplier les itinéraires et les observations flottantes pour « épuiser » les deux terrains, mais le temps et les moyens impartis n’étaient pas compatibles avec cela. Par ailleurs, nous aurions aimé associer, dans les deux cas, des habitants aux itinéraires mais il nous a été difficile, dans ce temps resserré, d’avoir accès eux. Cela aurait nécessité du temps de présence en atelier, au sein des associations locales, pour nouer des liens et bénéficier de leur confiance en amont.
Un principe d’atelier flash qui s’ouvre à des méthodes de diagnostic sensible
L’un des enjeux secondaires de la recherche est de travailler les méthodes innovantes d’évaluation. Comment adapter les dispositifs d’évaluation pour prendre en compte la dimension sensible ? Comment appréhender les ambiances via des « ateliers » courts et des interventions légères ? Quels sont les prérequis nécessaires ? Comment s’assurer de la participation des usagers ?
Au début de la recherche, la méthode des ateliers flash1 nous paraissait être un bon point de départ par rapport à son format et aux livrables associés. Rapidement, il est apparu que cette méthode posait quelques limites dans l’appréhension de la dimension sensible et des ambiances associées. En effet, il y a besoin de percevoir les lieux dans leurs dimensions physiques pour ensuite être en capacité de restituer les éléments sensibles. Lors des premières visites de terrain, certains nouveaux enjeux surgissent et nécessitent d’être traités dans un second temps. Nous avons donc revu le format et avons opté pour une formule en deux temps : la prise en main du terrain puis l’expérimentation évaluative via des méthodes de diagnostic sensible.