La Seine-Saint-Denis comme laboratoire urbain

Maxime Pinon

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Pinon, M. (2024). La Seine-Saint-Denis comme laboratoire urbain. L’intensité urbaine : un outil d’attractivité pour la Seine-Saint-Denis ?. Mis en ligne le 30 octobre 2024, Cahiers ESPI2R, consulté le 25 mars 2025. URL : https://www.cahiers-espi2r.fr/1476

Dans les années 1930, principalement en Seine-Saint-Denis en raison de sa population, naît l’idée d’une nouvelle société répondant aux principales problématiques ouvrières de l’époque. C’est dans ce contexte que les différentes collectivités locales mettent en place de nouvelles politiques expérimentales afin de résoudre les difficultés rencontrées par les municipalités, relevant du social mais également de l’architecture et de l’urbanisme (Fourcaut, 2002). De nombreux concepts et expérimentations architecturales, urbaines sont alors développés par divers architectes et personnalités politiques avides de renouveau, sans toutefois perdre de vue la problématique du logement à laquelle le territoire est alors confronté.

Ainsi, à cette époque, la Seine-Saint-Denis a vu apparaître de nouveaux ensembles de logements de type cités-jardins, telles que la cité de Drancy ou la cité de La Muette des architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods (Fourcaut, 2002).

En 1921 à Bagnolet, l’architecte Raoul Brandon entreprend la construction de 101 pavillons dans lesquels sont testés de nouveaux procédés de construction. Les essais ne seront cependant pas concluants et conduiront à la destruction de ces logements (Pouvreau, 2003).

Dans un même esprit d’expérimentation, les architectes Arthur-Pierre Teisseire et Paul Pelletier érigent aux Lilas la cité semi-provisoire Joseph Dépinay (Pouvreau, 2003). Cette proposition est une expérience technique utilisant des parpaings en mâchefer et un procédé de préfabrication (préfabrication légère Gutton) ; sa construction est prévue pour durer 15 ans (Pouvreau, Malochet & Couronné, s. d.).

Henri Sellier s’intéresse également aux premières expériences d’« industrialisation » en confiant à Marcel Lods et à Eugène Beaudouin un grand projet de 1 200 logements à Drancy, qui doit rompre avec les méthodes de construction habituellement employées. Ce projet, intitulé « cité de La Muette », utilise des procédés de fabrication industriels dont les usines de préfabrication sont construites directement sur place. Il s’agit d’une véritable expérience technique pour Henri Sellier (méthode de construction industrielle à grande échelle) mais aussi sociale, car cet ensemble est probablement le premier grand ensemble de logements érigé en région parisienne (Pouvreau, s. d.).

Comme le souligne Annie Fourcaut dans son texte « Connaître l’histoire de la Seine-Saint-Denis pour comprendre la situation actuelle » (Fourcaut, 2002), la banlieue est aussi le théâtre d’expérimentations architecturales et urbaines mais aussi sociales. Les années 1930 voient ainsi l’apparition en Seine-Saint-Denis de nombreuses « premières » : premières colonies de vacances, premiers dispensaires ou encore premières écoles en plein air.

Cette décennie voit donc l’émergence du PC en Seine-Saint-Denis, qui cherche à répondre aux problématiques d’un territoire marqué par l’industrialisation et par une crise continue du logement grâce à l’expérimentation sociale et urbaine. Le département a été le terrain privilégié sur lequel architectes et décideurs publics ont tenté de construire leur modèle de ville utopique et égalitaire.

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