Comme évoqué précédemment, au début des années 1900 plusieurs lois apparaissent et favorisent l’acquisition et le développement du pavillon de banlieue, qui représente le « rêve individuel » des classes ouvrières (Verges, 2007, p. 31). C’est à partir des années 1920 et de la fin de la Première Guerre mondiale, et ce jusqu’à la crise économique des années 1930, que la zone périurbaine se développe pleinement. En effet, après la Grande Guerre, on assiste à un double phénomène d’exode.
D’une part, la population parisienne la moins aisée fuit la capitale pour rejoindre les banlieues financièrement plus accessibles et, d’autre part, la bourgeoisie partie s’installer en banlieue, retourne à Paris, qui a été « assaini » des classes les plus précaires (Verges, 2007, p. 31). Un grand nombre de pavillons ouvriers émerge alors, notamment sous la forme de maisons « meulières », dont la principale caractéristique est l’utilisation de la meulière pour la construction des murs. Ces blocs de pierre sont de faible qualité car très poreux, mais leur prix peu élevé permet de réduire les coûts de construction, ce qui répond aux besoins et aux attentes des classes populaires (Verges, 2007, p. 48).
Cette logique rejoint celle de la construction des pavillons de Seine-Saint-Denis de l’époque. Des ensembles de pavillons et de lotissements sont créés de manière désordonnée, sans maître d’œuvre et en marge des règles de l’art. Ce sont donc des lotissements « défectueux » qui sont construits dans les années 1920, dont les équipements (voirie, égouts, eau, gaz, etc.) sont réalisés à la hâte voire pas du tout ; car les promoteurs cèdent des terrains bruts sans aménagement, avec de nombreuses promesses rarement tenues. Ainsi, durant l’entre-deux-guerres, 10 000 hectares (sur 16 000 hectares de lotissements en banlieue parisienne) sur 210 000 parcelles en France (dont 185 000 en Île-de-France selon une enquête réalisée en 1927) sont qualifiés de défectueux (Gourdon, 2001).
Il faudra attendre 1919 pour voir apparaître les premières lois encadrant et améliorerant les conditions de développement des lotissements. La loi Cornudet, promulguée en 19191, impose aux villes françaises de plus de 10 000 habitants d’établir un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension (PAEE) de leur commune, intégrant des servitudes hygiéniques, archéologiques et esthétiques, et limitant ainsi la liberté des lotisseurs (Ghorayeb, 2019). Cette loi peut être considérée comme l’un des fondements des réglementations urbaines et architecturales et de la planification urbaine actuelles. Elle a ensuite été renforcée par l’introduction, le 24 juillet 19242, de la nécessité de soumettre les opérations de lotissement à un régime d’autorisation préalable. Cette modification apporte plus d’efficacité au contrôle des projets de construction de lotissements et de pavillons mais, n’étant pas rétroactive, le cas des lotissements défectueux déjà construits reste préoccupant (Fourcaut, 1989).
La loi Sarraut du 15 mars 19283 entend répondre à ce problème : l’État prend en charge la moitié des frais d’aménagement des lotissements, le reste devant être payé par les lotisseurs eux-mêmes ; ceux-ci devront également veiller à la bonne réalisation des travaux et seront garants de la bonne gestion du quartier (Fourcaut, 2012a). Cette loi permet de financer des travaux d’équipement et d’aménagement des lotissements défectueux tout en fédérant les habitants autour d’associations de propriétaires.
Enfin, un dernier texte vient compléter cette série de mesures en faveur du logement, à savoir la loi Loucheur du 13 juillet 19284, qui établit un programme de construction d’HBM afin de pallier les problèmes d’insalubrité. Ce programme, qui prévoit la construction de 260 000 HBM sur cinq ans (L’Union sociale pour l’habitat, s. d.), renforce également le financement de la construction de maisons individuelles pour permettre aux propriétaires lotis de passer du « cabanon au pavillon » (Gourdon, 2001).