L’effet démographique mesure le besoin en logements résultant exclusivement de l’évolution du nombre de ménages entre 2019 et 2030 tel que :
Disposant des données concernant la population des ménages à l’échelle communale en 2019, il reste à projeter la population et la taille moyenne des ménages pour 2030.
Projection de la population pour 2030
Afin de réaliser des projections de la population, la plupart des études utilisent la méthode de projection fondée sur le modèle Omphale conçu par l’Insee. Omphale, pour « outil méthodologique de projections d’habitants, d’actifs, de logements et d’élèves », permet de produire des projections de la population, des bases de données démographiques, des analyses démographiques ainsi que des scénarios pour le futur (Insee, 2011). Ce modèle est réalisé à l’aide de la méthode des composantes. De par cette approche, les projections estiment, année après année, pour les hommes et les femmes séparément, le nombre de naissances, de décès ainsi que le solde migratoire à chaque âge (Algava & Blanpain, 2021b). Cependant, il est important de noter que cette étude s’appuie sur des prévisions à l’échelle communale, et les données générées par la méthode Omphale ne sont pas disponibles à ce niveau.
Dans cette analyse, la projection de la population pour 2030 se fera par une extrapolation de tendance. L’idée initiale (scénario A) est de choisir comme période de base les onze dernières années (2008-2019) afin de projeter les onze années à venir (2019-2030) :
Avec le taux géométrique de variation annuelle moyenne :
La projection de la population des ménages s’élève à 68 685 352 en 2030. À défaut de reprendre les données de l’Insee concernant les projections de la population, elles sont utilisées comme contrôle. À titre de comparaison, avec la méthode des composantes, l’Insee (Algava & Blanpain, 2021a) projette une population de 69 075 397 en 2030 selon son scénario « migrations hautes ». C’est celui-ci, parmi les 27 scénarios de projection, qui est pris comme référence au vu du solde migratoire sur les dernières années en France (Tanneau, 2023). En faisant l’hypothèse que la population hors ménage se maintient à 2,4 % (Brutel, 2022), la population des ménages serait d’environ 67,4 millions en 2030. Ainsi, la projection calculée ici surestime celle de l’Insee d’environ 1,3 million. Ceci peut être expliqué par le manque de précision et de rigueur dont la méthode de projection fait preuve comparée à celle employée par l’Insee, qui prend en compte la structure par âge et par sexe lors des projections (Algava & Blanpain, 2021b).
Cependant, lorsque la période 2013-2019, moins dynamique en croissance, est considérée comme période de référence pour la projection de la population des ménages, au lieu de 2008-2019, la population s’élève à 68 190 128 en 2030. Cette nouvelle estimation est plus proche de celle de l’Insee. On peut donc avancer que des projections basées sur cette période sont plus crédibles. C’est la raison pour laquelle cette étude choisit ce scénario B comme scénario « central ».
Le scénario A, basé sur les projections à partir de la période 2008-2019, est conservé à titre de comparaison.
Projection de la taille moyenne des ménages pour 2030
La même méthode d’extrapolation de tendance est appliquée afin de projeter la taille moyenne des ménages pour 2030 :
Avec :
On obtient une taille moyenne des ménages pour 2030 de 2,078511. Ce résultat est en accord avec les conclusions de Jacquot (2012) et de Dumont (2022), qui avaient respectivement projeté une taille moyenne des ménages pour l’année 2030 de 2,10 et 2,08. Les chiffres calculés pour 2008 et 2013 sont quant à eux très proches de ceux dévoilés par l’Insee (2023) (cf. Annexe 1).
Effet démographique
Ainsi, les projections de tendance basées sur la période 2013-2019 permettent d’estimer un besoin lié à l’effet démographique de 578 166 logements entre 2019 et 2030, soit 52 561 logements par an.
Ces chiffres sont plus élevés lorsque les projections de tendance sont construites à partir de la période 2008-2019 (cf. Tableau 1). Ce besoin est principalement concentré au sein des agglomérations ainsi que sur les littoraux, en particulier de l’ouest et du sud-est de la France (cf. Carte 1).
Tableau 1. Besoins en logements liés à l’effet démographique sur la période 2019-2030
Carte 1. Besoins en logements liés à l’effet démographique sur la période 2019-2030 selon le scénario B (en % du parc de logements de 2019)