L’intégration de la RSE

Yseult Lavarda

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Référence électronique

Lavarda, Y. (2023). L’intégration de la RSE. Les centres commerciaux et la mutation des usages. Mis en ligne le 16 octobre 2023, Cahiers ESPI2R, consulté le 09 octobre 2024. URL : https://www.cahiers-espi2r.fr/1222

Aujourd’hui, la RSE est devenue un axe de développement stratégique et incontournable des entreprises. S’appuyant sur les sept piliers du développement durable, la RSE a vocation à revaloriser le rôle des entreprises dans nos sociétés, tous secteurs confondus.

La prise en compte de la RSE pour un centre commercial recouvre deux aspects essentiels : l’impact environnemental des bâtiments et l’engagement économique et social des centres commerciaux au sein de leurs territoires d’implantation.

Gestion de l’impact environnemental

Au regard de l’augmentation considérable des centres commerciaux certifiés BREEAM In-Use ces dernières années1, les grandes foncières de commerce semblent déjà bien engagées dans les problématiques environnementales. Néanmoins, face aux enjeux du développement durable et à la réalité du réchauffement climatique, le législateur a mis en place tout un panel d’obligations à destination des promoteurs et des bailleurs afin que le secteur immobilier s’engage dans une réduction drastique des consommations d’énergie et dans une logique d’économie circulaire.

Optimisation des consommations énergétiques

Dans les centres commerciaux, la plupart du temps, les boutiques sont indépendantes en termes de chauffage et d’électricité et disposent de leurs propres contrats énergétiques avec le prestataire de leur choix. Les bailleurs n’ont à charge que la gestion des parties communes.

Pour optimiser le suivi des consommations énergétiques, plusieurs équipements techniques peuvent être installés, notamment :

  • une gestion technique du bâtiment (GTB)/une gestion technique centralisée (GTC) : elles permettent de centraliser les informations issues des équipements techniques installés (électricité, chauffage, climatisation, ventilation, etc.), sur l’ensemble du bâtiment pour la GTB et sur un lot spécifique pour la GTC, via une interface numérique unique ;

  • des sous compteurs électriques pour affiner le suivi des consommations électriques ;

  • des panneaux solaires thermiques : ils transforment le rayonnement solaire en chaleur afin de produire de l’eau chaude sanitaire ou contribuer au chauffage ;

  • des panneaux solaires photovoltaïques : ils muent la lumière du rayonnement solaire en électricité. Depuis la loi Énergie-climat de 20192, les constructions neuves dont l’emprise au sol est supérieure ou égale à 1 000 m2 doivent équiper leurs toitures ou les ombrières de leurs places de stationnement de panneaux photovoltaïques (30 % de la surface) ou, à défaut, les végétaliser (article L. 111-18-1 du Code de l’urbanisme) ;

  • un récupérateur d’eau pluviale. Cette dernière est ensuite filtrée et utilisée pour la consommation d’eau des blocs sanitaires des centres commerciaux.

Au regard du déploiement législatif en matière d’économie d’énergie des bâtiments, les équipements permettant d’optimiser le contrôle des consommations deviennent essentiels, sinon incontournables, au sein des centres commerciaux. En effet, les bâtiments tertiaires sont voués à devenir neutres en énergie. Pour le parc tertiaire existant, le décret tertiaire de 20193 fixe un objectif de réduction des consommations énergétique de 40 % en 2030, 50 % en 2040 et 60 % d’ici 2050 (comparé à 2010). Quant aux bâtiments neufs, en accord avec la réglementation environnementale 2020 (RE2020), ils devront être à énergie positive, c’est-à-dire autosuffisants en énergie, si ce n’est produire plus que ce qui sera nécessaire à leur fonctionnement. En la matière, certains centres commerciaux ont déjà pris de l’avance. Par exemple, Les Terrasses du Port à Marseille (Hammerson) accueille des panneaux photovoltaïques en toiture sur une surface de plus de 5 000 m2. Le centre vient aussi d’opérer un raccordement à la centrale de géothermie marine Thassalia, ce qui permet de combiner en même temps son alimentation en eau sanitaire chaude et glacée, la fourniture de chauffage et de climatisation. Au total, 70 % de ses consommations énergétiques sont issues d’énergies renouvelables (Domanech, 2020).

Tri et revalorisation des déchets4

Depuis l’entrée en vigueur du décret d’application de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en 20165, les producteurs et détenteurs de déchets ont l’obligation d’appliquer la de tri « méthode 5 flux »6 dès lors qu’ils produisent 1 100 L de déchets par semaine (et collectés par le service public) ou à partir du moment où les déchets sont collectés par une entreprise privée. En fonction des solutions mises en place par les property managers, les déchets peuvent faire l’objet d’une revalorisation. Par combustion, ils peuvent servir par exemple à chauffer des réseaux d’eaux urbains. Il est aussi possible de revendre certains déchets en bon état à des organismes spécialisés (ex. : carton). En fonction de la quantité de déchets revendue, il est donc possible de rembourser une partie du poste de charges de fonctionnement alloué à la gestion des déchets.

La promotion du tissu local

Souvent accusés de nuire au commerce de proximité et d’avoir contribué à la délocalisation du commerce en périphérie, les centres commerciaux sont de plus en plus nombreux à mettre en place des actions utiles au tissu économique et social de leur lieu d’implantation.

Le plus souvent, ces actions peuvent prendre les formes suivantes :

  • promotion de l’emploi local : organisation de job dating, par exemple ;

  • accueil et mise en avant d’associations locales dans un espace dédié au sein du centre commercial ou lors d’animations ponctuelles.

Face à la faible portée de ces actions, certaines foncières décident de s’engager beaucoup plus fortement. Par exemple, Frey a récemment obtenu le statut d’entreprise à mission, statut introduit en 019 par la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises dite « PACTE »7. Concomitamment à son activité lucrative, l’entreprise s’engage à se donner une finalité d’ordre social et environnemental, l’objectif étant de « mettre à profit son savoir-faire pour redonner sens et valeurs au commerce en construisant et en gérant des lieux mixtes, conviviaux, résilients et profitables aux territoires » (Bicard, 2021e). Frey s’engage notamment à « revaloriser le rôle du commerce dans la création de lien social et dans la résilience économique locale » (Bicard, 2021a) en dédiant au minimum 10 % des surfaces commerciales à des activités sociales ou solidaires, des artisans ou des commerçants indépendants locaux d’ici 2025. Tous leurs actifs de plus de 50 000 m2 GLA accueilleront soit une recyclerie solidaire, une maison de la culture ou une maison des associations.

Mercialys a aussi souhaité favoriser le commerce local en scellant un partenariat avec Initiative France, un réseau associatif qui regroupe 215 associations sur l’ensemble du territoire. Leur mission principale est d’accompagner les entrepreneurs locaux dans le développement de leur activité. Mercialys souhaite donc s’investir aux côtés des associations d’Initiative France qui se trouvent à proximité de ses sites commerciaux. « Les nouveaux entrepreneurs, créateurs ou repreneurs de commerce pourront bénéficier d’un financement et d’un prêt à taux zéro, développer des relations locales, accéder à des réseaux de franchise et à des locaux commerciaux et bénéficier d’un accompagnement complet dans le développement de leur nouveau projet » (La Gazette du Midi, 2021, p. 4).

La démonstration de l’engagement local des bailleurs peut représenter un axe de résilience des centres commerciaux. Elle peut améliorer leur image, assurer leur notoriété vis-à-vis des acteurs locaux, et donc participer à leur intégration territoriale. Face à un contexte commercial difficile, le renforcement des liens sociaux avec les entreprises locales peut aussi participer à établir un climat plus favorable dans les affaires.

1 Taux de certification Breeam In-Use sur l’ensemble du patrimoine : Klépierre, 100 % en 2019 (Klépierre, 2019) ; Carmila, 87,7 % en valeur en 2020 (

2 Note de l’éditeur. Loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat.

3 Note de l’éditeur. Décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des

4 Voir l’annexe 1, entretien n° 2.

5 Note de l’éditeur. Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Décret n° 2016-565 du 10 mai 2016

6 Tri suivant les distinctions suivantes : papier/carton, métal, plastique, verre, bois.

7 Note de l’éditeur. Loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises.

1 Taux de certification Breeam In-Use sur l’ensemble du patrimoine : Klépierre, 100 % en 2019 (Klépierre, 2019) ; Carmila, 87,7 % en valeur en 2020 (Carmila, 2021b) ; Mercialys 77 % en valeur en 2020 (Mercialys, 2020).

2 Note de l’éditeur. Loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat.

3 Note de l’éditeur. Décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.

4 Voir l’annexe 1, entretien n° 2.

5 Note de l’éditeur. Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Décret n° 2016-565 du 10 mai 2016 pris pour l’application de l’article 45 de la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

6 Tri suivant les distinctions suivantes : papier/carton, métal, plastique, verre, bois.

7 Note de l’éditeur. Loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises.

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