L’étude de la Seine-Saint-Denis réalisée précédemment nous a permis de comprendre comment son histoire avait forgé son urbanisation, et les conséquences urbaines et environnementales qui en découlent.
Nous avons ainsi pu constater une forte volonté d’individualité en matière d’habitat (quartiers pavillonnaires), ce qui impacte défavorablement la densité du territoire et l’artificialisation des sols du territoire.
Alors que le nombre de projets de construction est globalement en baisse sur l’ensemble de l’Île- de-France à fin septembre 2019, la Seine-Saint-Denis est l’un des seuls départements (hors période Covid-19) à connaître une évolution positive du nombre de permis de construire (PC) accordés et de travaux engagés, avec une variation positive de + 9,9 % de PC sur les 12 derniers mois en septembre 2019 contre - 22 % dans les Hauts-de-Seine ou - 18 % dans le Val-de-Marne (Osouf-Sourzat & Clovis, 2019). Cette différence s’explique principalement par le fait que la Seine-Saint-Denis dispose d’un très fort potentiel de développement, avec un coût du foncier plus faible que dans les autres départements de petite couronne, un nombre important de logements pavillonnaires et des terrains constructibles disponibles.
La Seine-Saint-Denis fait également l’objet d’une volonté de renouvellement urbain très marquée, avec 2 habitants sur 5 qui vivent dans un quartier en rénovation urbaine (Forestier & Renault, 2014, p. 5).
Depuis 2013, le programme prévisionnel de création de logements en Île-de-France est défini par le projet de schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF). Ce dernier préconise la construction de 70 000 nouveaux logements par an en Île-de-France, dont plus de 11 000 en Seine-Saint-Denis, soit près de 17 % de l’effort régional. Avec 6 300 logements commencés dans le département au 4e trimestre 2019 et 4 300 logements autorisés au 4e trimestre 2020, les objectifs fixés sont bien supérieurs à la production réelle (Reybaud, 2021). Malgré une intention commune et un besoin de créer plus de logements dans la région et dans le département, la réalité en est encore éloignée ; sans changement dans les approches et les règles actuelles, la création de programmes de logements ne suffira pas à elle seule à permettre d’atteindre les chiffres souhaités.
Une des solutions serait d’améliorer la densité des programmes créés, sans pour autant négliger leur qualité. Cette volonté est donc intégrée à la notion d’intensité urbaine, comme nous le démontrerons.
Aujourd’hui, la Seine-Saint-Denis possède, avec 6 912 habitants et 2 877 logements au km², une densité de population et d’habitat relativement faible par rapport à celle de Paris (20 641 habitants et 13 157 logements au km²), des Hauts-de-Seine (9 220 habitants et 4 581 logements au km²), mais conserve une densité similaire à celle du Val-de-Marne (5 701 habitants et 2 612 logements au km²).1
Avec un tissu urbain de 58 % potentiellement constructible ou mutable, dont près de 30 % est composé d’un tissu pavillonnaire, ces zones vont donc faire l’objet d’un enjeu de développement et de densification important dans les prochaines années afin de permettre de remplir des objectifs de constructions de logements, qui n’ont jamais été atteints auparavant (Forestier & Renault, 2014).