En repartant des équations 1, 26 et 29, il est possible d’obtenir les besoins annuels en logements sur la période 2019-2030 tels que :
Il serait alors nécessaire de construire entre 379 288 et 426 896 logements par an entre 2019 et 2030. Comme en témoigne la carte 7, ces besoins sont plus ou moins importants selon les territoires. Tout d’abord, il existe une forte concentration au sein des grandes métropoles comme Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes, etc. Cela reflète le desserrement des ménages que connaissent ces grandes villes, mais également l’ampleur de ce phénomène dans l’ensemble des besoins en logements pour la prochaine décennie en France (38 % des besoins selon le scénario B). Par ailleurs, les besoins seront également concentrés sur les agglomérations ainsi que sur les littoraux, en particulier à l’ouest et au sud-est, notamment en raison de la croissance de la population dans ces zones. Pour d’autres régions, telles que la Corse, le besoin est principalement induit par l’évolution des résidences secondaires. Ainsi, ces dynamiques territoriales soulignent la nécessité d’adapter l’offre immobilière pour répondre à ces différents types de besoin, qui varient en fonction des localisations.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que ces chiffres sont assez proches du rythme de construction de ces dernières années. En effet, selon les données du service des données et études statistiques (SDES, 2023), le rythme moyen de logements commencés s’élève à 383 342 par an sur la période 2008-2019 (cf. Annexe 5). Ces chiffres varient entre 337 100 et 435 100 selon les années. Ce résultat affirme que la réponse face à la « crise du logement » ne réside pas dans un effort quantitatif mais dans une offre plus adaptée à la demande.
Ces observations rejoignent celles de Fournier (2023) selon lequel il n’existe pas de manque de logements en valeur absolue. En effet, il explique que la « crise du logement » actuelle n’est pas due à une pénurie de logements mais plutôt à des problèmes d’accessibilité et d’attractivité. Quelques années plus tôt, Driant (2015) évoquait déjà, au-delà de la question quantitative, le problème d’adaptation du parc de logements à la réalité de la demande. Selon lui, trois autres dimensions sont à prendre en compte : l’accessibilité économique, le type de logement et la localisation. Ainsi, les résultats de cette étude convergent vers ces conclusions et illustrent la nécessité de reconcentrer les efforts sur des solutions adaptées aux besoins territoriaux plutôt que sur une quantité de logements à construire.